Le Karate Do est une discipline riche, très riche, avec des rituels, de la philosophie plus ou moins claire, plus ou moins bien transmise.
Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de littérature qui essaie d’expliquer tout un tas de choses pour aider à comprendre, et à progresser.
Parmi tout ce qui existe, nous avons la chance de disposer de deux textes symboliques, synthétiques, courts mais nécessaires et qui sont le point de départ pour organiser sa réflexion et trouver des nouvelles voies à explorer.
je veux parler du Dojo kun et du Niju kun,
le premier est un élément culturel très fort du dojo, et sa rédaction ne peut pas, aujourd’hui, être attribuée de manière certaine à O Sensei Funakoshi Gichin.
En revanche, le Niju kun est une création du fondateur du Shotokan.
Commençons par le commencement, je voudrais réfléchir au sens de la première règle du Niju kun.
“le Karaté commence par le respect et finit par le respect”
(selon une traduction communément admise)
Non!
Ce n’est pas juste une règle édictée pour nous rappeler à la politesse la plus stricte et à la soumission aveugle.
Ou encore nous “différencier” d’un sport de combat et nous dire que nous sommes meilleurs que les autres parce que nous pratiquons un “art martial”
A mes yeux; c’est beaucoup plus que cela.
C’est un vrai principe directeur et un moyen mnémotechnique simple qui nous rappelle comment entrer dans le bon état d’esprit pour pratiquer le plus correctement possible le KARATE DO traditionnel ( proposé par les okinawaiens d’abord et les japonais ensuite!)
C’est un résumé parfait de l’un des concepts du budo : REIGI-SAHO = respecter l’étiquette
Un principe qui s’applique dans un seul mouvement
Rei, le salut.
Facile, tout juste deux façons de procéder,
- Debout en Musubi Dachi, le RITSUREI
- Assis en Seiza, un peu plus protocolaire, le ZAREI
Les deux portent exactement les mêmes sens.
Par cette simple phrase, “le Karaté commence par le respect et finit par le respect”
O Sensei Funakoshi nous a laissé une indication précieuse et la responsabilité de transmettre de ce que ça veut dire dans toutes les situations, au Dojo, dans l’apprentissage du Karate do.
L’idée générale du REIGI SAHO est de se rapprocher le plus possible de l’état d’esprit nécessaire à la compréhension profonde du BUDO
En quelle occasion ? | Ce que devrait penser le pratiquant qui salue! |
Le salut cérémonial, généralement, dans le cas de remises de diplômes, de grades ou lors d’un événement ou l’on met en avant un pratiquant, pour quelque raison que ce soit | Je remercie mon interlocuteur pour sa bienveillance à mon égard, pour m’avoir honoré d’une marque de respect. |
Le salut à l’entrée du DOJO | J’accepte les règles de l’école, et je m’engage à m’y conformer strictement. |
Avant le cours, quand je suis en tenue dans le dojo, au salut entre pratiquants | je suis kohai – je salue mon ainé dans la pratique en premier, je lui demande implicitement de m’observer pendant le cours, de manière bienveillante pour me signaler des points d’amélioration ou corriger mon attitude je suis sempai – je rends le salut à mon condisciple,je m’engage à lui porter un regard bienveillant pendant le cours afin de lui signaler des points d’amélioration, selon mes compétences, en toute humilité. |
A la montée sur le tatami | je demande humblement l’autorisation de me joindre au cours. Si le cours a commencé, je me mets en SEIZA au bord du tatami, et j’attends l’autorisation du Sensei en charge du cours ou de l’école Si le cours n’a pas commencé, si je suis élève de l’école, je peux démarrer mon échauffement si je ne suis pas élève de l’école, j’attends sur le bord du tatami d’être accueilli par un sempai ou le sensei. |
Le triple salut au début du cours | Au salut Shomen Ni Rei – je pense aux messages de ceux qui ont ouvert la voie, les anciens pratiquants disparus. Au salut Sensei Ni Rei – j’accepte la route montrée par le professeur en charge du cours Au salut Otaga Ni Rei – j’accepte de me donner avec honnêteté, et engagement dans ma pratique pour les autres |
Pendant le cours, au début d’un exercice | Au Kihon je montre ma compréhension et ma volonté de m’impliquer dans l’exercice Au Kumite Si j’ai le rôle de Uke– je montre à mon partenaire que j’accepte de m’engager à le faire progresser si j’ai le rôle de Tori- je remercie mon partenaire pour son intention de m’aider dans ma progression Au Kata Le kata est un aide mémoire, c’est à dire que TOUS les principes du karaté sont présents dans un kata. A ce titre, le salut fait partie intégrante du KATA, par ce fait , on a un outil qui nous rappelle à quoi sert véritablement le salut dans la pratique Au début du Kata je rassemble mes capacités mentales et mes ressources pour entrer dans l’état d’esprit nécessaire, à savoir l’esprit du combat réel Face à du matériel je m’engage à respecter le matériel et à l’utiliser dans le respect des consignes qui m’ont été données et/ou uniquement ce pour quoi il a été conçu. |
Pendant le cours, à la fin d’un exercice | Après le Kihon je reviens dans un état d’esprit neutre, je vide mon esprit pour me rendre disponible pour la suite Après le Kumite si j’ai le rôle de Uke– Je remercie mon adversaire d’avoir travaillé dans le respect de mon intégrité physique si j’ai le rôle de Tori– je remercie mon partenaire pour s’être mis à ma disposition en toute confiance. Après le Kata Je réfléchis, j’analyse mon exécution et j’enregistre les points d’amélioration à travailler. Après l’utilisation de matériel Je rends le matériel disponible pour quelqu’un d’autre, et j’assure que je l’ai utilisé selon les consignes et/ou selon ce pour quoi il a été conçu. |
Le triple salut à la fin du cours | Au salut Shomen Ni Rei – je remercie les anciens pratiquants disparus d’avoir préparé un chemin, je leur montre mon respect, cela correspond à notre “minute de silence”. Au salut Sensei Ni Rei – Je remercie le professeur en charge de m’avoir fait travaillé aujourd’hui et d’avoir préparé le cours et les exercices dans une logique de progression continue Au salut Otaga Ni Rei – Je remercie le groupe d’avoir pratiqué et partagé avec moi pour la progression du groupe et ma progression personnelle |
A la sortie du tatami | Je demande l’autorisation de sortir du déroulement du cours (à ce titre, j’attends que le sensei ou un sempai donne son accord) Je quitte la zone de pratique, je reviens progressivement dans mon quotidien. |
A la sortie du dojo | Je remercie l’école et ses responsables d’avoir mis à ma disposition un endroit dédié à l’étude, et de m’avoir accueilli pour m’aider à parcourir le chemin et progresser |
Dans tous les cas, un salut entre personnes, est toujours rendu!
Aucune exception.
Après avoir réfléchi à tout ça, il faut bien comprendre que l’état d’esprit à cultiver au travers ces “règles de politesse” comprend 5 états (dont il nous faudra également parler dans le détail)
- SHOSHIN (l’esprit du débutant),
- FUDOSHIN (l’esprit immuable),
- ZANSHIN (l’esprit persistant),
- MUSHIN (l’esprit vide),
- SENSHIN (l’esprit éveillé/purifié)
mais ça, ce sera peut etre pour plus tard…
Ainsi le “REI” est la meilleure façon d’éviter de perdre du temps à expliquer l’attitude nécessaire pour progresser au Dojo, on a déjà tellement de choses à faire et si peu de temps…
Appliquons le Rei en pensant à ces quelques règles, c’est avant tout pour progresser!
Et le plus beau, c’est que ce qui se pratique au Dojo est également utile dans la vie de tous les jours
😉
Qu’en pensez vous? Parlons-en!
Jerome